Monday, February 25, 2008

Deux ans à Washington

Je ne sais pas exactement quel est sensé être le but de ce blog, essentiellement un endroit où ranger des photos et donner quelques nouvelles de ce qui se trame à Washington, mais aussi où partager une experience de l'expatriation. De fait, un seul billet a vraiment abordé ce thème pour l'instant. En voici un deuxième.

J'ai constaté qu'il y a dans la vie de ces moments ou on entend des "anciens" nous décrire une certaine situation en disant, "tu verras, ça se passe comme ça". Et pleine de doute salvateur - ou peut-etre de naiveté incrédule, ça m'arrive de ne pas les croire. Et de me rendre compte devant le fait accompli qu'ils avaient finalement raison. Dans ma courte vie d'expatriée, je me souviens donc de deux circonstances de ce genre. La premiere remonte à une conversation avec une copine de TD quelques mois après mon arrivée à Toronto. Elle avait emigré au Canada à peu près cinq ans auparavant, et je lui demandais "Alors, au bout de combien de temps tu es devenue bilingue? " Et là, elle m'a fait cette réponse qui m'a horrifiée: "En fait, jamais. L'anglais sera toujours une deuxième langue". Impossible, me suis-je dit - au bout d'un certain nombre d'années, quand même? Elle ne pouvait que se tromper. Elle avait rigolé. "Si, si, c'est comme ça, tu verras". Et en effet, sept ans plus tard, force est de constater la véracité crue de ses propos. It will always be a second language.

Le deuxième incident du genre remonte à une conversation avec la colocataire d'une amie l'année dernière. D'après elle, il y aurait une période charnière après deux ans d'expatriation où rien n'est plus comme avant. On n'est plus tellement étranger ici, plus tellement local là-bas. Il faut faire des choix. Là encore, j'étais septique. Encore une fois, je me suis entendu dire "Si, si..." Et puis finalement, nous y voilà. The two-year itch.

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Friday, November 09, 2007

Crapule à l'ambassade

Quelle meilleure occasion de crapuler à l'ambassade de France que la visite Washingtonienne du président de la République en personne? Mardi soir, j'ai donc rencontré le chef de l'Etat! Bon, en compagnie de quelques centaines d'autres personnes, mais c'est la première fois que je rencontre un président, quel évènement...
Une bonne partie de la communauté française locale était au rendez-vous. De fait, j'ai rarement vu autant monde à l'ambassade à part pour le grand raoût du 14 juillet. Bref, après avoir papoté pendant un bon moment massés devant les attributs de la République, soudain, une clameur, des applaudissements, c'est le Président qui arrive! Il a prononcé un discours de circonstance, renouvelant les promesses de la campagne sur la mise en place de la scolarité gratuite pour les français de l'étranger (vu les prix, c'est sûr que ça fera des heureux) et rappelant ses nombreuses activités depuis son élection.

Sarko à la Maison française,  DC - 6 NOV 2007
Rien de nouveau, vraiment, mais c'est intéressant d'être témoin directement de ce qu'on voit d'habitude à la télé. Le plus marquant, c'est l'accueil plus que chaleureux (hem, limite fan club, je dois dire) reçu par la délégation - mais il parait que le Président avait recueilli près de 90% des voies par ici. Et aussi, la cloture du discours par la touche sympa (ou "people", ça dépend) encourageant les photos; sans oublier la Marseillaise, paroles comprises. Je crois que même pour le 14 juillet, on avait été épargnés. Personnellement, "Qu'un sang impur... Abreuve nos sillons!" ça me coupe plutôt l'appétit. Juste avant les petits fours, ce n'est pourtant pas le moment!

Pour ne pas se laisser abattre, j'en ai profité pour prendre le devant de la scène avant de partir à l'assaut des macarons et autres minis-cannelés:

Maison française,  DC - 6 NOV 2007
"Vive la République, Vive la France!"

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Monday, May 01, 2006

Hors territoire

Eiffel Tour - Photo: Karolina, december 2005 Quand on est à l'étranger, on finit innévitablement par rencontrer des compatriotes - ce qui arrive généralement plutôt tôt que tard. Les occasions se présentent sous de multiples formes, et dans un mouvement inéluctable, l'expatrié retourne en quelque sorte dans son milieu naturel. On se retrouve avec des gens avec qui on ne se serait pas forcémment lié en France. Et on se rend compte combien on a en commun avec eux - c'est ce que m'a fait remarquer une personne du Venezuela récémment, preuve que ce phénomène ne connait pas de frontières, c'est le cas de le dire.
Brin de muguet du joli mois de Mai - Photo: Sylvie, 1er MAI 2006 Mais alors, qu'est-ce qui est si particulier à nous autres, français? Les armes de la République sur notre passeport? La langue de Molière? La capacité de savoir différencier un paté d'une terine? Cette prépondérance à griller une p'tite cloppe à deux pas du panneau "interdit de fumer"? Un goût prononcé pour les appéros en terrasse? Le confort de se réunir autour d'une table pour taper une belotte, et raler un bon coup contre (au hasard) les mesures de sécurité américaines- sans oublier le serveur qui nous réclame notre passeport avant de noter les demis sur son carnet de commande? Le fait d'avoir David & Jonathan aux cotés de Julie Piétri et Renaud sur sa liste de chansons du moment?
Bords de Gironde - Photo: Sylvie, février 2006 Sûrement un peu de tout ça, en plus de la TI40 dans le sac à main pour écouter la météo et calculer le montant des taxes et pourboires au restau...

PS: Un ajout de circonstance à la liste -> la nostalgie du joli mois de mai, qui en France s'accompagne d'une sympathique suite de week-ends prolongés :-)

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Saturday, February 25, 2006

Leçon de calcul

Y-a-t-il réellement tant de différences entre la vie en France et aux Etats-unis? Après tout, il y a déjà quelques années que les films américains, les bouteilles de Coca et autres Mc Dolnaderies ont traversé l'atlantique en masse. Alors finalement, à part la langue et les écoles pour chien, qu'est-ce qui fait la différence? Pour moi, le décalage se manifeste par exemple par une petite gymnastique quotidienne qui me fait regretter d'avoir laissé ma bonne vieille TI40 Galaxy à Paris... Canicule? -Non, Farhenheit... Express issue of 24FEB06 (a publication of The Washington Post) Je m'explique. Tous les matins, en prenant mon petit déjeuner, j'écoute la radio. En ce moment, il fait plutot beau et on a des températures dans les trente degrés. Tout de suite, ça met de bonne humeur, ça évoque la bronzette à la plage, les chateaux de sable... Sauf qu'en fait, trente degrés Farhenheit, c'est plutot adapté à la construction d'igloos - en Celcius ça fait, attendez que je calcule, ça fait -1. Bon, j'avoue, j'ai triché, j'ai utilisé un petit convertisseur. Pratique ça. Donc, après avoir rangé les tongs et la crème solaire, je sors vétue pour l'hiver et je me dirige vers le métro. Starbucks, outside Galery Place-Chinatown Metro station Au passage je prends un thé à emporter chez Starbucks. Un thé, c'est affiché 1 dollar 34 - soit 1 euro 20. Donc à la caisse, on me réclame 1 dollar 42 - soit 1 euro 28. Hein? Ah, oui, les taxes. Aux Etats-unis, les prix sont affichés hors taxe.
Thé en main, hop, je vais prendre le métro. Le trajet jusqu'au boulot, c'est 1 dollar 35 - soit en euros... bon, on va dire qu'un dollar, c'est quasiment pareil qu'un euro, ça sera plus simple. Donc, plus la taxe ça fait... Ah, toujours 1 dollar 35. Sur les tickets de métro, il n'y a pas de taxe. Ni sur les timbres. Ni sur les cartes postales à la gallery. Des sous, des sous, des sous!! Ni sur certains produits alimentaires - ne me demandez pas lesquels ni pourquoi! Après toutes ces aventures, le temps d'arriver jusqu'à mon bureau, j'ai bien besoin d'un deuxième thé. Par chance, il y a un comptoir Starbucks à la cafet'. "Schgling!" fait la caisse: 1 dollar 50! Pour le même thé que tout à l'heure? Et oui, parce qu'en deux stations de métro on est passé du District of Columbia (TVA 5,5%) au Maryland (TVA 12%). Et de l'autre coté de Washington, c'est la Virginie avec encore une autre TVA... Au final, on va dire qu'un thé, c'est entre 1 et 2 dollars, ça sera plus simple.
Comme j'ai une réunion avec mon chef, je me dirige vers l'ascenseur pour me rendre dans son bureau au 8ème étage. Là, facile, il suffit d'appuyer sur le bouton 9. Oui, parce que le rez-de-chaussée est numéroté 1: l'étage zéro, ça n'existe pas. Ce n'est pas un gros problème, vous me direz, mais après quelques dialogues de sourds avec des gens qui ne comprennent pas pourquoi vous leur demandez les escaliers alors qu'il viennent de vous dire d'aller dans un bureau du premier étage, on se rend compte qu'il y a des réflexes bien ancrés.Et une coupe de petits pois, une! Je pourrais continuer comme ça pendant un moment - il suffit d'ouvrir un livre de cuisine pour tomber en arrêt devant les mesures en coupes et onces, ou d'essayer de suivre une conversation sur l'achat d'une voiture d'occasion: à vos crayons, le premier qui me trouve la consommation en km au 100 d'une voiture qui parcourt 30 miles par gallon aura droit à un prix! En ce qui me concerne, rien à faire, j'ai beau avoir quelques outils sous la main, ça frise l'incohérance de visualiser l'hiver à 30 degrés et d'imaginer que des chaussures en taille 6 ne sont pas destinées à des nourissons. Pourtant, ces petits détails complètements anodins ne sont que la partie visible (et assimilable?) de l'iceberg des différences culturelles entre la France et les Etats-Unis.

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